La Créature Andromaque

A la charnière des deux siècles passés, en cette « belle époque » des expositions coloniales, voici l’histoire d’une découverte à la fois marquante pour les disciplines de la zoologie, de l’anthropologie, de la génétique, mais qui demeura anodine en cette année 1898, suite un imbroglio d’intérêts publics ou privés. Trois regards, distants chacun de quelques cinq décennies, passent au crible de leur science respective, les interrogations légitimes de tout chercheur intrigué par l’irruption de « l’imprévisible », pour induire en fin de compte l’idée singulière, polymorphe, que toute anomalie de la nature – en l’occurrence humaine – nous délivre un message précieux.

Voyage dans les temps immémoriaux ou actuels – quelquefois amniotiques – ou les espaces lointains, les plus diversifiés, ce récit nous convoque davantage à une quête qu’à un constat ; avec, certainement, la preuve que la vie nous précède dans ses choix.

Genre Littéraire :
Fiction historique
Éditeur :
Les Éditions du Net
https://www.leseditionsdunet.com

Parution : 2017
ISBN : 978-2-312-05241-0
Format : 15 x 23 cm
Nombre de pages : 188

Version papier : 15 €

Extrait (premières pages)

Avant-propos

La relation de la découverte de Martin G. Lartimer pose quelques difficultés dont le lecteur doit être ici informé. Multiplicité des sources, d’abord. Martin G. L. écrivit, en cette année 1898, un Journal de bord, partiellement publié par J.H. Blosse, reporter essayiste, en 1951 ; chargé de ratures, de repentirs (pour employer un terme de l’art), d’annotations parfois contradictoires, il ne pouvait être lu – semble-t-il – dans sa continuité par un lecteur non averti. Il n’est toujours pas à ce jour accessible au public. A ce journal de bord, succédait un Cahier scientifique, rédigé sans changement notoire de mode d’écriture dans cette même année 1898, entre juin et septembre, assez régulier, recueillant jour après jour observations et réflexions. Enfin, un Journal intime, essentiellement centré sur le mois de septembre, plus libre et évasif dans ses considérations quoique toujours émaillé de faits significatifs, achève la relation sans la conclure et la laisse en suspens. A ce corpus, il faut ajouter un ensemble de pièces hétéroclites, à savoir di-vers documents provenant des archives paternelles, un dossier dûment classé par Martin contenant courriers et articles de presse rédigés après 1898, quelques articles manuscrits, copies d’archives de presse toutes antérieures à l’année 1898.

L’œuvre de J.H. Blosse a été de rassembler ces documents épars comme les pièces d’un puzzle. Martin avait fait le travail de recherche préalable et fourni la matière principale ; il n’était plus que de donner à l’ensemble sa cohérence et sa lisibilité. Si le travail de Blosse est louable à plus d’un titre, on lui reprochera néanmoins d’avoir outrepassé ses prétentions de reporter pour s’octroyer souvent celles de détective, voire de romancier. C’est la deuxième difficulté.

Qu’on nous excuse ici d’en ajouter une troisième. Martin écrit à la charnière des deux siècles passés. Blosse reprend l’affaire cinquante ans plus tard, à une époque où la science s’est enrichie de nouvelles données. Pour clore le tout, nous revenons quelques soixante années après Blosse, avec de nouvelles perspectives. Nous convenons que tout cela est compliqué. Qu’on l’admette d’entrée de jeu, la partition n’est pas ordinaire ; c’est comme d’entendre une fugue à trois parties, avec entre chaque partie un décalage de quelques décennies.

Dernière difficulté enfin : l’essentiel de cette découverte relève de l’ordre visuel, domaine qu’un ouvrage écrit peinera toujours à retranscrire. Aussi, sollicitons-nous l’imagination du lecteur attentif en toutes ses facultés mémorisantes et associatives, afin qu’il recompose en lui, en son for intérieur et en nul autre, l’image exacte et unique de ce que fut peut-être celle qu’on appela « la créature Andromaque ». 

Ultime remarque : l’ouvrage de J.H. Blosse n’eut aucun retentissement dans l’année 1951, date à laquelle il parut. Non que sa matière fût médiocre ; le hasard voulut qu’au cours de l’impression, l’éditeur assailli de créances eût affaire aux huissiers ; ses biens furent saisis, les exemplaires fraîchement imprimés, soldés à bas prix, les invendus passés au pilon. Dans un article postérieur, Blosse raconte que rendant visite à son ami imprimeur après la débâcle, il fut surpris de marcher sur les pages de son propre manuscrit, les créanciers ayant tout saccagé dans les lieux, vidé les étagères et emporté les rayonnages.  

Assurément, cette œuvre valait mieux. Nous la livrons aujourd’hui au public sous forme résumée, accompagnée d’un travail critique. Plût à Dieu, ou à l’esprit de Sa créature s’il lui advient de convoiter encore les limites humaines, de regarder notre entreprise d’un œil sauvage mais indulgent.