Les Fissures du Monde opaque

Les Fissures du Monde opaque

Recueil de six nouvelles constituées à partir de faits divers récents. Six regards de jeunes femmes sur le monde et son opacité incontournable. A moins que… l’on n’en découvre les fissures…

Genre Littéraire :
Nouvelles, faits divers contemporains
Éditeur :
Les Éditions du Net 
https://www.leseditionsdunet.com

Parution : 2014
ISBN : 978-2-312-02318-2
Format : 15 x 23 cm
Nombre de pages : 266

Version papier : 18 €
Version PDF : 12 €

Sommaire

Un bon jour pour mourir, où l’on croise une jeune prof de lettres en lycée, harcelée par des MMS intempestifs qui répandent sa vie privée parmi son jeune auditoire.

Le syndrome de la biche écrasée, une affaire d’enlèvement où se conjuguent étrangement le syndrome de Stockholm et celui de Lima.

La forme de l’eau, ou l’histoire d’un complot raté à l’intérieur d’un immeuble vieillot de Paris, et à propos d’un congrès médical. Une histoire de regards, de fenêtres sur cour, de convoitises inavouées.

Les faux-bourdons, ou la reconstruction sauvage, intelligente et hors-norme d’une jeune infirmière après un viol collectif en pleine campagne picarde.

Dieu est avec les patients, qui nous transporte dans les Balkans, lors de la guerre du Kosovo, pour nous relater la rencontre improbable d’un moine serbe et d’une musulmane.

Arsinoé, ou la révolte des femmes d’un quartier squatté par les trafics. Des portraits contrastés qui s’affichent sur les réseaux sociaux pour dénoncer le mâle dominant.

Extrait de « Dieu est avec les patients », première page...

             Je veux ici prévenir l’éventuel lecteur de ce récit que l’histoire se passe en 1997, à l’époque des avions, de la politique et des ordinateurs, même si tout donne à penser que nous sommes en plein Moyen-âge.

       Que ce récit n’a pas été écrit par moi, mais par Yaroslav, et quasiment sous ma dictée. Qu’étant Albanaise de souche, ainsi qu’en pense l’histoire, et musulmane de confession par voie de filiation, je ne maîtrise toujours pas la langue des gens de l’Occident, quoique Yaroslav – à force de patience, d’amour et d’attention – m’y ait longuement initiée.

       Que, par voie de conséquence, ce récit tronque par nécessité les difficultés de communication qui apparurent immédiatement entre nous, dès les premiers instants, car nous avions trois langues pour nous parler. L’une que j’entendais à peine, une autre plus commune et sans vigueur, composée à la manière d’un sabir et qui nous permettait l’échange de choses immédiates, une troisième enfin et qui était la mienne, et qu’il ne comprenait pas. Pour simplifier ce récit, nous passerons outre.

Dieu est avec les patients.

Ainsi peut commencer l’histoire…

Nouvelles alexandrines – vol. 2 Naufrages

Nouvelles alexandrines - vol. 2 Naufrages

Du naufrage pressenti à la submersion réelle, ces quelques nouvelles ont en commun de redonner à plusieurs mythes connus une once de réalité que les images trop entendues ont coutume de fausser…

Genre Littéraire :
Nouvelles, fictions historiques
Éditeur :
Les Éditions du Net 
https://www.leseditionsdunet.com

Parution : 2014
ISBN : 978-2-312-02251-2
Format : 12 x 19 cm
Nombre de pages : 242

Version papier : 12 €
Version PDF : 8,40 €

Alors s'égrènent au fil des pages :

La tentation de saint Antoine dit combien, à partir d’une hagiographie assez cocasse, un personnage plus attachant et crédible peut se révéler, combien les fameuses « tentations » ne sont pas celles qu’on croit.

Suzanne au bain reprend le thème biblique sans l’édulcorer cette fois, renvoyant chacun à ses atermoiements comme à ses mauvais choix pour que triomphe l’équité, une semblance de vérité.

La vierge aux neuf maris, conte de Boccace extrait du Decameron, contourne les réalités crues pour n’en retenir que les péripéties. L’incroyable catalogue de cette infortunée naufragée de la Méditerranée méritait cet examen au plus près pour devenir enfin édifiant.

Les naufragés de la Marie Galante donne à voir l’improbable rencontre d’une jeune femme de la noblesse espagnole et d’un cacique réputé de l’île d’Haïti, sur une île déserte à l’issue d’un naufrage. Effet de la gestion catastrophique de l’amiral Colomb sur l’empire des Indes, providentiel pour une fois.

Le secret d’Alexandre Selkirk, prélude à l’histoire de Robinson Crusoë, n’entend pas des mêmes oreilles le récit édulcoré de Defoë. C’est que sa « Vendredi » à lui n’a pas l’apparence d’un homme et n’est pas « rhabillée ».

Andromède, enfin, confronte le lecteur à l’insistance d’un mythe dans la tradition picturale classique; nous sommes dans le monde des non-dits, chez le peintre Houston, en ce dix-neuvième siècle finissant.

Extrait (premières pages)

       Saint Athanase, et à sa suite nombre d’hagiographes parmi lesquels le génois Jacques de Varraze, rapportent que saint Antoine naquit au troisième siècle de notre ère, vécut cent cinq ans, et mourut en l’an 340 sous Constantin. Selon ces sources, toutes nourries par les apophtegmes des Pères du désert, il vendit tous ses biens à l’âge de vingt ans, en donna le fruit aux pauvres et entama sa vie érémitique. Assailli par les démons de la fornication, il vit le diable et le défia, fut de nouveau assailli, battu atrocement, laissé pour mort. Le Christ le ressuscita. Voyageant de désert en désert, il fut encore tenté par le diable, déjoua tous ses pièges, passa vingt ans dans une montagne et fit d’innombrables miracles, fut élevé dans les airs par les anges, rencontra une autre fois le diable à la figure duquel il jeta « une masse de crachats » avant de le convaincre d’abdiquer. Il eut alors de grandes visions, prévit les massacres et les persécutions des Ariens, menaça du châtiment divin Ballachius qui ravageait l’Eglise des Chrétiens et faisait fouetter les vierges et les moines tout nus en public. Ballachius s’en moqua mais vit la justice divine fondre sur lui : son cheval le jeta au sol et le dévora. Saint Antoine put achever alors sa longue vie en paix.

       Antoine avait vingt ans lorsqu’il gagna la lisière du désert. Il était jeune et séduisant ; d’origine modeste mais déjà fin lettré, il laissa ses quelques biens à sa famille pour conquérir la solitude ; d’esprit libre, il préféra le hasard des rencontres à l’apprentissage d’un Ancien. Il suivait Dieu et s’ouvrait à la vie.
       Très vite, il fut la proie de regards, de convoitises féminines, de pécheresses en mal d’amour ou bien de repentir. Il s’en amusa, en aima quelques unes ; on jasa de contrée en contrée sur le moine amoureux. Plaisant mais réservé, il sanctifiait la terre et ses bienfaits comme le jardin de Dieu. On le savait facile et indulgent.
       Pour subvenir à ses besoins, il n’était pas rare qu’il prêtât ses services dans les villages qui bordaient le Nil, où, en échange d’aumônes, il exerçait pour quelques jours une fonction de clerc. Un jour, il fut avec véhémence délogé de sa retraite et traîné sur la place publique ; on l’accusa d’avoir abusé d’une vierge et de l’avoir mise enceinte. Confronté à la jeune fille qui soutenait avec une honte visible l’accusation commune, Antoine fut sommé de s’expliquer, reconnut avoir eu avec elle des entretiens intimes – et même d’avoir été tenté – mais se défendit bravement d’avoir forniqué. Hué par la foule, il se vit harceler par des bras innombrables ; on suspendit à son cou des casseroles noircies de suif et des grelots, et on le promena dans les ruelles en l’insultant. Il fut plus d’une fois souffleté, jeté à terre, frappé à coups de pieds ou de genoux entre les jambes ; on menaça de lui couper les testicules…

Nouvelles alexandrines – vol.1 Bibliothèques

Nouvelles alexandrines - vol.1 Bibliothèques

Une suite de nouvelles, de fictions historiques plus ou moins probables, qui partagent toutes (ou presque) un lien privilégié ou une filiation avec l’antique Alexandrie. Dans ce premier volume, intitulé « Bibliothèques », l’histoire du livre est bien sûr mise en scène avec, souvent, un intérêt appuyé pour la genèse des ouvrages érotiques ou traitant de l’amour, et réservés aux érudits.

Genre Littéraire :
Nouvelles, fictions historiques
Éditeur :
Les Éditions du Net 
https://www.leseditionsdunet.com

Parution : 2014
ISBN : 978-2-312-02184-3
Format : 12 x 19 cm
Nombre de pages : 184

Version papier : 12 €
Version PDF : 8 €

Alors s'égrènent au fil des pages :

La mort de Sardanapal, ou l’histoire d’un despote cultivé, à la fin rendue célèbre par le tableau d’Eugène Delacroix, et de sa liaison avec une jeune scribe sumérienne. Dans la Ninive du VIIème siècle av. JC.

Le double fonds de la bibliothèque d’Alexandrie, ou l’histoire de la bibliothèque réputée –  non détruite par un incendie ainsi qu’en atteste l’histoire – et notamment son administration par Callimaque de Cyrène, inventeur des fameux « catalogues », poète érudit d’un genre sensuel contesté et parfois érotique (IIIème siècle av. JC).

Le rocher de Zozime, dialogue rêvé de deux ermites que tout oppose (le sexe, la race, l’éducation) dans les corniches montagneuses du désert brûlant d’Egypte, jusqu’à ce que tranche le vénéré Zozime, père du désert, figure réputée de l’ascèse autant que le fut Marie l’égyptienne.

L’Achéménide, mettant en scène un petit souverain sassanide, au Vème siècle de notre ère, érudit passionné, l’un des premiers collecteurs des songes des Mille et une Nuits, aux prises avec l’infidélité de son épouse princière.

Le jardin clos de la princesse Li, seul texte un peu « excentré » qui nous renvoie aux origines du royaume de Corée, parmi les déboires d’une concubine délaissée, en quête d’amour sans protocole et de lucidité.

La chute des damnés, enfin, qui nous ramène dans l’occident médiéval et l’univers des copistes et des enlumineurs, où deux étranges et singuliers cousins s’évertuent à peindre un Jugement dernier.

Extrait (premières pages)

       L’histoire de Sardanapal est singulière de contradictions et de non-lieux historiques. Nombre d’auteurs anciens ou récents y voient une personnification mythique du grand Assurbanipal qui, à la suite de Sargon II, consolide le nouvel empire assyrien, conquiert l’Elam, la Phénicie, l’Arménie, une grande partie de l’Arabie et la cité de Suse, et meurt en 631 av. JC. suivant certaines sources, vers 627-626 selon d’autres. La Bible le mentionne dans Esdras, au livre IV, verset 10, sous le nom d’Asnap-par, ou Osnapper ; les auteurs grecs et latins assimilent les deux personnages sans s’interroger plus avant. L’histoire nous rapporte – avec difficulté, tout de même – qu’Assurbanipal est couronné en 672 (ou en 668) av. JC. grâce à sa grand-mère, Naqi’a-Zakutu (ou à celle de Sin-iddina-apli –Sinidi-napal, son frère aîné probable), laquelle le fait monter sur le trône à la mort d’Assarhaddon, son père, pendant une campagne militaire en Égypte.

            Assurbanipal commence par faire la guerre à son second frère Shamash-shum-ukin, alors roi de Babylone, ville qu’il assiège, conquiert et détruit partiellement. Un premier lien s’établit ici avec le légendaire roi de Ninive, second frère supposé du grand conquérant, dont l’existence ne peut être attestée tant il est vrai que la confusion est fréquente chez les auteurs anciens entre Ninive et Babylone. Lord Byron, et à sa suite le peintre Eugène Delacroix, verront dans la figure du souverain assiégé, victime d’une conspiration ou fomenteur de rébellion, le grand Sardanapal(e) déchu s’immolant avec ses concubines, ses chevaux, ses eunuques, au milieu de ses richesses convoitées.     On apprend par ailleurs qu’Assurbanipal (confondu cette fois avec Sardanapal) aurait été l’un des rares souverains sachant lire et écrire, et qu’il aurait fondé à Ninive, sa capitale, la première bibliothèque se distinguant d’un simple dépôt d’archives et organisant par rubriques l’ensemble collecté de la littérature cunéiforme de l’époque. Cette bibliothèque aurait rassemblé notamment les épopées sumérienne et babylonienne de Gilgamesh, des tablettes établies en dictionnaires permettant les traductions du sumérien en akkadien, nombre de poèmes, de rituels, de textes traitant d’astrologie, de mantique, d’astronomie, des prédictions et interprétations de présages.

            La contradiction apparaît ici, dans le portrait de ce roi cultivé et fort peu belliqueux. Assurbanipal est un stratège et un politicien qui exploite le génie des peuples conquis pour se tailler un empire. Sardanapal (Sard-ban-apli Sard, créateur d’héritage) est à l’inverse l’homme qui fait écrire sur son tombeau : Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien, accompagnant cette sentence de la statue d’un danseur ivre claquant des doigts. Clitarchios rapporte qu’Alexandre le grand vit son tombeau à Anchiale, ville bâtie par l’ancien monarque ; qu’il y comprit que la vie se résumait pour lui à un claquement de doigts…

Silences voyageurs

Silences voyageurs

Recueil de 102 poèmes écrits par Marianne Fontalirand Camprasse, illustrés de 19 planches graphiques réalisées par Dominique Viseux.

Genre Littéraire :
Poésie
Éditeur :
Les Éditions du Net 
https://www.leseditionsdunet.com

Parution : 2014
ISBN : 978-2-312-02722-7
Format : 15 x 23 cm
Nombre de pages : 142

Version papier : 12 €
Version PDF : 8,40 €

Extrait : Premières pages...

1. Dernier voyage.

J’ai vu les eaux limpides, j’ai vu les soleils noirs, j’ai vu les pyramides, j’ai vu les désespoirs.

J’ai connu le parfum de jasmins improbables, la senteur des épices, la force des possibles, beauté ébouriffée des églises à retables chantant sans un regret des prières indicibles.

J’ai respiré parfois, aux frontières inconnues, des rumeurs de tendresse glissant sur ma peau nue.

J’ai goûté sans savoir les charmes de la nuit et les crimes sensuels qui demeurent impunis.

J’ai caressé d’un doigt léger le chèvrefeuille en fleurs et séduit bien des hommes pour conjurer mes peurs.

J’ai porté, sans fatigue, de la vie les bagages… mais je suis sans défense pour le dernier voyage.

 

2. Partance.

Les nuages passants enveloppent la lune,                                       

A l’horizon, la dune recompte ses diamants,                                 

La pointe d’un clocher disparu dans les brumes,                          

Au lointain, la colline s’allume en feux ardents.

 

Les grands arbres penchés dessinent dans le soir                            

Des squelettes d’espoir aux cœurs effilochés                                

Et la nuit qui se noie rien qu’à broyer du noir                           

M’interdit sans savoir le rêve de rêver.

 

Je suis là, bras ballants, au silence imbécile,                               

Les yeux écarquillés comme ceux des enfants                         

L’âme perdue aux pleurs de ces morts inutiles                            

Errantes dans l’espace, suspendues dans le temps

 

Tout à coup, en plein ciel, c’est un long trait d’argent               

Cicatrice immobile, déchirure sans cri                                         

Qui me dit la partance aux rythmes endiablants                              

Vers des îles languides que jamais je ne vis

 

Je ferai le voyage, un de ces jours pendus,                                    

Le sommeil, sans bagage, me prendra par la main.                         

Il est tard, mon ami, je ne vous entends plus,                              

J’aurai tout oublié d’ici demain matin.

 

Alors, dans le grand clair, dans le soleil levant                               

Il y aura la dune, recomptant ses diamants,                                           

La pointe du clocher disparu en prière                                           

Et la colline, au loin, habillée de lumière…

La langue des oiseaux

La langue des oiseaux

Une version épurée, et adaptée pour le théâtre, de l’oeuvre de  Farîd-ud-Dîn ‘Attar, poète soufi persan du XIIIème siècle, intitulée : « Mantic Uttair » ou « Le langage des oiseaux ». Mettant en scène dans un grand colloque les représentants du peuple des oiseaux, l’histoire nous convie à une quête collective, débouchant – pour peu d’élus, il est vrai – sur la découverte du fabuleux Simorg.

Genre Littéraire :
Théâtre, adaptation
Éditeur :
Les Éditions du Net 
https://www.leseditionsdunet.com

Parution : 2014
ISBN : 978-2-312-02695-4
Format : 12 x 19 cm
Nombre de pages : 60

Version papier : 12 €
Version PDF : 8,40 €

Note au lecteur

Le texte qui suit consiste en une adaptation théâtrale (mise en voix) du long poème de Farîd- ud-Dîn ‘Attar, écrit au début du XIIIème siècle et intitulé : “MANTIC UTTAIR”.

Cette œuvre marquante de la littérature orientale, pure expression du soufisme persan, procède à la fois du mythe (la recherche du Simorg) et de la parabole, établissant sans cesse un parallèle entre les mœurs des oiseaux et des hommes au travers de fables édifiantes, toutes destinées à tracer les voies de la sagesse dans les situations les plus ordinaires – ou les plus absolues – qui soient.

Respectant le déroulement parfois complexe du texte de Attar, notre adaptation se répartit en quatre tableaux : – Le colloque – La traversée du désert – Les sept vallées – Le Simorg.

Elle a été établie à partir de la traduction de Garcin De Tassy, suivant fidèlement l’esprit du texte ; pour les besoins de la « mise en voix », tous les dialogues ont été reformulés, parfois épurés pour assurer au récit théâtral sa limpidité. Les références à l’Islam – nombreuses – n’ont pas été retenues dans le but de conserver au texte sa dimension mythologique, et parce qu’il nous a semblé prioritaire de privilégier la portée universelle de l’œuvre qui, par définition, se place au-delà des religions et des cultures.

L’adaptation présentée ici diffère sensiblement de celle écrite par Jean-Claude Carrière et mise en scène par Peter Brook en 1970, laquelle – en dépit de certaines libertés prises avec le texte d’origine – suscite toujours une certaine estime.

Les didascalies sont conçues pour être lues par un récitant ; un acteur doit prendre à lui seul le rôle de l’ensemble désigné dans le texte par la mention « LES OISEAUX » ; cet acteur peut-être relayé par d’autres intervenants.

Extrait : (Premier tableau : Le colloque)

Un jour, tous les oiseaux du monde se rassemblèrent pour un grand colloque, car une inquiétude était née parmi eux.

LES OISEAUX

Il n’est pas, dans ce monde, de peuple qui n’ait un roi. Or le peuple des oiseaux en est dépourvu. Cela ne peut plus durer. Trouvons-nous un roi !

Alors la huppe, le cœur plein d’espoir et d’émotion, s’avança et se plaça au milieu du colloque.

LA HUPPE

Chers oiseaux, durant des années, j’ai parcouru la mer et la terre, et traversé des océans et des vallées, occupée à voyager. J’ai souvent joué ma propre vie à la recherche du roi des oiseaux. J’ai enfin trouvé son chemin. Car nous avons un roi ! Il réside, inconnu de tous, derrière le mont Câf, et son nom est le Simorg. Il est très près de nous et pourtant nous en sommes éloignés. Nous devons tous partir à sa recherche, car je ne peux m’y rendre seule.

LES OISEAUX

Mais pourquoi partir si notre roi est proche de nous ?

LA HUPPE

Oiseaux ! Laissez là votre présomption stupide, vos querelles et vos inquiétudes. Le royaume du Simorg est difficile d’accès, et nous devons traverser plus de cent voiles pour contempler la perfection de sa majesté.

LES OISEAUX

Comment peux-tu affirmer qu’il existe, si toi-même n’as jamais pu te rendre auprès de lui ?

LA HUPPE

Un jour, une de ses plumes tomba en Chine, et depuis, le cœur de chacun en porte la trace. Ne soyez plus incrédules et partons, car ce serait une honte pour nous que de vivre sans connaître notre roi.

Ayant entendu ce discours, les oiseaux furent très agités à la pensée qu’ils avaient un roi qu’ils ne connaissaient pas. Ils commencèrent à projeter leur départ. Mais, comme la route allait être longue, de nombreux oiseaux essayèrent de se dérober, en donnant de mauvaises excuses. Ce fut d’abord le rossignol…

Naissance d’un minotaure

Naissance d'un minotaure

Pièce en un seul tableau

Un hôtel de grand standing, dans une région désertique du Moyen-Orient à deux pas du Golf  persique, non loin d’une capitale sous le joug d’une dictature militaire. Le rendez-vous idéal d’hommes d’affaires logés dans un dédale de bungalows de luxe, autour d’une piscine centrale. Avec des règlements de compte à la clef, et l’ombre d’un Minotaure qui plane… comme un remords.

Genre Littéraire :
Théâtre, fiction contemporaine
Éditeur :
Éditions Publibook, Paris
https://www.publibook.com

Parution : 2003
ISBN : 27 4830187-0
Format : 14 x 20 cm
Nombre de pages : 97

Version papier : 13 €
Version PDF : 6,50 €

Distribution / Personnages

ISHAH, bassarienne, environ vingt ans.
MHINTOHESZAERT, négociant, corpulent, la cinquantaine ; brasse souvent des dossiers.
POURRILLIAC, femme journaliste, la trentaine, lunettes noires.
DAESS, conseiller technique ; on peut le voir jouer souvent avec une balle à élastique ou un gadget analogue.
STOFFEL, kiné, la trentaine ; petit, avec des verres fumés, séducteur ; porte un baladeur.
JARNAUX, représentant médical, environ la cinquantaine. Souvent avec un journal.
L’OFFICIER, en costume militaire, coiffé d’une casquette.
DEUX MILITAIRES en uniformes, portant des casques, visières rabattues.

Extrait

SCENE 1 : Ishah feuillette un livre ; Mhintoheszaert travaille sur une liasse de factures.

MHINTOHESZAERT
Je ne sais pas ce qui m’a pris… D’habitude, j’ai horreur du désert. Le désert, c’est la mort, c’est l’ennui ; ça m’angoisse. Notez que l’an dernier, j’étais aux Antilles. Après le passage du cyclone. J’ai fait le Pérou dans la foulée ; je me suis dit : plus jamais. Trop de touristes, et trop d’américains. Vous aimez ça, les foules ?

ISHAH
Non.

MHINTOHESZAERT
Et le désert ?

ISHAH
Non plus.

MHINTOHESZAERT
Qu’est-ce que vous aimez alors ?

ISHAH
Je ne sais pas.

MHINTOHESZAERT
Vous aimez lire, au moins. C’est toujours ça. J’espère que je ne vous dérange pas ?

ISHAH
Oh, vous ne me dérangez pas.

MHINTOHESZAERT
Moi, la lecture, ça m’ennuie. J’ai tellement de choses à penser. Je suis ici pour négocier. On m’a conseillé cet hôtel. À vous aussi, on a conseillé cet hôtel ?

ISHAH
Oui.

MHINTOHESZAERT
À mon avis, c’est une affaire qui n’est pas rentable. Bon, je sais qu’il y a du mouvement en ville. Mais ça n’est pas une raison suffisante pour envoyer les gens en plein désert. Dans un hôtel désert. Vous trouvez ça normal ?

ISHAH
Non. Pas très normal, en effet.

MHINTOHESZAERT
Notez que l’endroit est reposant. Ça me calme les nerfs. Ah, pour ça !… La tranquillité est assurée. Le service irréprochable. La nourriture… acceptable. Champagne, truffes, caviar, Château Margot, foie gras. Bien. Très bien. Eau minérale, s’il vous plaît… Vous savez que l’eau minérale est hors de prix, ici ?

ISHAH
Oui, je m’en doute.

MHINTOHESZAERT
Et quatre-vingt pour cent d’humidité dans l’air… Avec la mer tout à côté, ça n’a rien d’étonnant. Moi, je supporte mal. L’eau, je la préfère en bouteille. L’autre jour, je suis arrivé à Bombay en pleine mousson. J’ai dû faire demi-tour sur la passerelle de l’avion… Tiens, voilà nos sportifs.

(Arrivent Pourrilliac et Daess, revenant de la piscine.)

POURRILLIAC
L’eau est excellente. Dépêchez-vous d’y aller ; dans une heure, ce sera intenable. Il fait déjà quarante-deux à l’ombre et j’ai l’impression que le thermomètre est bloqué.

DAESS (à lshah)
Vous n’allez pas vous baigner ?

ISHAH
Je n’ai pas de maillot de bain.

POURRILLIAC
Si ça n’est que ça, je vous en prête un. J’en ai deux.

ISHAH
Merci. Mais je n’en ai pas très envie.

(Arrive Stoffel).

STOFFEL
Mademoiselle Témâ… Téméanabreaz… c’est bien vous ? On vous demande à l’accueil, pour des formalités.

ISHAH
À l’accueil ? Bon, j’y vais. (Elle se lève et s’en va, laissant son livre sur la table.)

STOFFEL (la regardant s’éloigner)
Joli cul…

DAESS
Cette fille est bizarre. Elle passe ses journées à lire, et ses nuits à crier.

POURRILLIAC
Vous l’avez entendue crier ?

DAESS
Cette nuit encore, à trois heures du matin. Ça ressemblait au cri d’une bête en chaleur. Je ne plaisante pas. Ça me démangeait d’y aller.

POURRILLIAC
Moi, après le crime d’avant-hier, je m’enferme à clef et je me colle la tête sous l’oreiller. Stoffel, vous l’avez entendue ?

(Arrive Jarnaux).

STOFFEL
Non, pas vraiment. Mais à propos du crime, j’ai des nouvelles. Paraît que l’expert militaire a eu la gorge tranchée à l’arme blanche. Un couteau ébréché, à ce qu’on dit. L’hypothèse se confirme ; une bande de Bassariens se serait infiltrée dans l’enceinte de l’hôtel pour ramasser ce qui traînait. L’expert s’est trouvé nez à nez avec eux. Il avait une insomnie, le pauvre. Avec cette chaleur qu’il fait…

POURRILLIAC
Il faut les comprendre aussi. La ville est dans un état lamentable. On ne trouve plus d’eau potable et les ordures s’entassent dans les rues. La plupart des réservoirs ont été éventrés… Et puis, les magasins sont vides ; les enfants crèvent de faim et les médicaments sont hors de prix. Enfin, c’est pas tout ça. J’espère qu’ils vont assurer la protection de l’hôtel, maintenant.

JARNAUX
Quand vous verrez le président, vous lui demanderez pourquoi il cherche à faire de cette ville un cloaque.

POURRILLIAC
Ça fait trois mois que je réclame une interview. Soyez tranquille ; je ne vais pas le rater.

MHINTOHESZAERT
Vous le raterez comme les autres. Il se servira de vous. Moi, il me fait tourner bourrique avec mon lait. L’aéroport est encombré de stocks. Pendant ce temps-là, la population boit de l’eau sucrée.

JARNAUX
Il vous a dédommagé. Il vous a grassement dédommagé.

MHINTOHESZAERT
Je vous vois venir, Jarnaux. Si nous parlions de vos trafics de médicaments périmés ? De vos seringues qui ont déjà servi ? De votre antibiotique au rabais ?

JARNAUX
Vous savez, je suis les directives de mon gouvernement. Demandez donc à mademoiselle dans quel hôtel elle descendra. Où elle dînera avec son cher ami le président. Sans doute dans la grande salle à manger du palais présidentiel, au-dessus des caves où on torture les opposants.

POURRILLIAC
Je tendrai l’oreille.

JARNAUX
J’étais spécialiste des oreilles, il y a dix ans. L’oreille, vous savez, est un organe intelligent. Un organe qui se dresse ou qui devient sourd selon les intérêts du moment. Les gens ont tort de n’y voir qu’un réceptacle passif. Qu’en pensez-vous, Stoffel ?

STOFFEL (feuilletant le livre d’lshah)
Rien. Dans ma profession, je ne m’occupe jamais des oreilles.

DAESS
On devrait aussi masser les oreilles. Tenez, si vous nous faisiez la lecture… Ça nous distrairait un peu.

STOFFEL (lisant le titre du livre)
Le Minotaure… catalogue iconographique d’Albert Martin. Martin, ça vous dit quelque chose ? Je connaissais Arthur…

DAESS
N’étalez pas votre culture, Stoffel.

STOFFEL (poursuivant)
Chapitre premier. Labyrinthes et dédales… Notice, références… On confond ordinairement labyrinthe et dédale, deux espaces imaginaires en apparence identiques mais aux finalités radicalement divergentes. Si le labyrinthe est l’image d’un cheminement aux détours multiples et susceptible de parcourir la totalité d’un espace donné sans jamais manquer son but, le dédale au contraire occupe ce même espace en offrant des chemins multiples et des impasses dans le dessein d’égarer.

MHINTOHESZAERT
Pour moi, c’est du pareil au même.

STOFFEL
Pour moi aussi… (reprenant sa lecture 🙂 Quoique l’espace désigné soit dans les deux cas une image de la vie, labyrinthe et dédale n’ont pas les mêmes référents culturels. Au premier s’attache la notion de connaissance acquise, voire d’ascèse initiatique ; au second, celle d’ignorance et d’errance sous la menace d’un danger permanent… (Se tournant vers Daess 🙂 Vous voilà édifié.

POURRILLIAC
Je me demande ce qu’elle fabrique ici. Vous savez d’où elle vient ?

MHINTOHESZAERT
Elle était là quand je suis arrivé. Avec ce même bouquin. Depuis qu’on a fermé les universités…

POURRILLIAC
C’est une gosse de riche. Y a plus urgent que de s’occuper de ces bêtises.

JARNAUX
Qu’est-ce qui est le plus urgent dans la vie ?

DAESS
C’est une devinette ?

POURRILLIAC
Pour moi, le plus urgent, c’est de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme.

DAESS
Pour moi, c’est de baiser. (À Pourrilliac 🙂 Avant-hier, vous ne me contredisiez pas.

POURRILLIAC
Vous pouvez la fermer deux minutes ?

STOFFEL
Moi, je la trouve bizarre aussi. Elle a quelque chose qui lui trotte dans la cervelle, c’est évident.

DAESS
Couchez avec et vous le saurez.

JARNAUX
Ça me rappelle que l’expert la draguait. Qu’est-ce qu’il pouvait être collant celui-là ! Avec un verre dans le nez… Un vrai chewing-gum. Elle n’arrivait plus à s’en dépêtrer.

POURRILLIAC
Vous croyez qu’elle aurait…

STOFFEL
Attention, la voilà….