Nouvelles alexandrines - vol.1 Bibliothèques

Une suite de nouvelles, de fictions historiques plus ou moins probables, qui partagent toutes (ou presque) un lien privilégié ou une filiation avec l’antique Alexandrie. Dans ce premier volume, intitulé « Bibliothèques », l’histoire du livre est bien sûr mise en scène avec, souvent, un intérêt appuyé pour la genèse des ouvrages érotiques ou traitant de l’amour, et réservés aux érudits.

Genre Littéraire :
Nouvelles, fictions historiques
Éditeur :
Les Éditions du Net 
https://www.leseditionsdunet.com

Parution : 2014
ISBN : 978-2-312-02184-3
Format : 12 x 19 cm
Nombre de pages : 184

Version papier : 12 €
Version PDF : 8 €

Alors s'égrènent au fil des pages :

La mort de Sardanapal, ou l’histoire d’un despote cultivé, à la fin rendue célèbre par le tableau d’Eugène Delacroix, et de sa liaison avec une jeune scribe sumérienne. Dans la Ninive du VIIème siècle av. JC.

Le double fonds de la bibliothèque d’Alexandrie, ou l’histoire de la bibliothèque réputée –  non détruite par un incendie ainsi qu’en atteste l’histoire – et notamment son administration par Callimaque de Cyrène, inventeur des fameux « catalogues », poète érudit d’un genre sensuel contesté et parfois érotique (IIIème siècle av. JC).

Le rocher de Zozime, dialogue rêvé de deux ermites que tout oppose (le sexe, la race, l’éducation) dans les corniches montagneuses du désert brûlant d’Egypte, jusqu’à ce que tranche le vénéré Zozime, père du désert, figure réputée de l’ascèse autant que le fut Marie l’égyptienne.

L’Achéménide, mettant en scène un petit souverain sassanide, au Vème siècle de notre ère, érudit passionné, l’un des premiers collecteurs des songes des Mille et une Nuits, aux prises avec l’infidélité de son épouse princière.

Le jardin clos de la princesse Li, seul texte un peu « excentré » qui nous renvoie aux origines du royaume de Corée, parmi les déboires d’une concubine délaissée, en quête d’amour sans protocole et de lucidité.

La chute des damnés, enfin, qui nous ramène dans l’occident médiéval et l’univers des copistes et des enlumineurs, où deux étranges et singuliers cousins s’évertuent à peindre un Jugement dernier.

Extrait (premières pages)

       L’histoire de Sardanapal est singulière de contradictions et de non-lieux historiques. Nombre d’auteurs anciens ou récents y voient une personnification mythique du grand Assurbanipal qui, à la suite de Sargon II, consolide le nouvel empire assyrien, conquiert l’Elam, la Phénicie, l’Arménie, une grande partie de l’Arabie et la cité de Suse, et meurt en 631 av. JC. suivant certaines sources, vers 627-626 selon d’autres. La Bible le mentionne dans Esdras, au livre IV, verset 10, sous le nom d’Asnap-par, ou Osnapper ; les auteurs grecs et latins assimilent les deux personnages sans s’interroger plus avant. L’histoire nous rapporte – avec difficulté, tout de même – qu’Assurbanipal est couronné en 672 (ou en 668) av. JC. grâce à sa grand-mère, Naqi’a-Zakutu (ou à celle de Sin-iddina-apli –Sinidi-napal, son frère aîné probable), laquelle le fait monter sur le trône à la mort d’Assarhaddon, son père, pendant une campagne militaire en Égypte.

            Assurbanipal commence par faire la guerre à son second frère Shamash-shum-ukin, alors roi de Babylone, ville qu’il assiège, conquiert et détruit partiellement. Un premier lien s’établit ici avec le légendaire roi de Ninive, second frère supposé du grand conquérant, dont l’existence ne peut être attestée tant il est vrai que la confusion est fréquente chez les auteurs anciens entre Ninive et Babylone. Lord Byron, et à sa suite le peintre Eugène Delacroix, verront dans la figure du souverain assiégé, victime d’une conspiration ou fomenteur de rébellion, le grand Sardanapal(e) déchu s’immolant avec ses concubines, ses chevaux, ses eunuques, au milieu de ses richesses convoitées.     On apprend par ailleurs qu’Assurbanipal (confondu cette fois avec Sardanapal) aurait été l’un des rares souverains sachant lire et écrire, et qu’il aurait fondé à Ninive, sa capitale, la première bibliothèque se distinguant d’un simple dépôt d’archives et organisant par rubriques l’ensemble collecté de la littérature cunéiforme de l’époque. Cette bibliothèque aurait rassemblé notamment les épopées sumérienne et babylonienne de Gilgamesh, des tablettes établies en dictionnaires permettant les traductions du sumérien en akkadien, nombre de poèmes, de rituels, de textes traitant d’astrologie, de mantique, d’astronomie, des prédictions et interprétations de présages.

            La contradiction apparaît ici, dans le portrait de ce roi cultivé et fort peu belliqueux. Assurbanipal est un stratège et un politicien qui exploite le génie des peuples conquis pour se tailler un empire. Sardanapal (Sard-ban-apli Sard, créateur d’héritage) est à l’inverse l’homme qui fait écrire sur son tombeau : Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien, accompagnant cette sentence de la statue d’un danseur ivre claquant des doigts. Clitarchios rapporte qu’Alexandre le grand vit son tombeau à Anchiale, ville bâtie par l’ancien monarque ; qu’il y comprit que la vie se résumait pour lui à un claquement de doigts…